Sur TikTok, pilotes et professionnels de bord dévoilent les coulisses des vols et le quotidien en cabine

Société

Des créateurs d’aviation à portée de swipe

Plusieurs profils consacrés à l’aviation publient sur TikTok pour offrir un regard sur le métier de pilote et sur la vie quotidienne des personnels navigants. Des pages comme Fly with Manon, Matpilote, Clara l’hôtesse en jet, Mina dans les airs ou Mathieu le steward partagent leur quotidien, détaillent les grandes lignes de leur planning mensuel et répondent à des questions récurrentes sur le contenu de leur valise ou la nécessité d’un visa à chaque escale.

Au cœur du cockpit et des préparatifs

Dans une séquence filmée avant l’atterrissage à Marseille, Matpilote annonce l’arrivée après avoir désactivé le pilotage automatique et expliqué la numérotation des pistes. Il montre à ses plus de 163 000 abonnés les étapes clés qui jalonnent les derniers kilomètres de son trajet, en précisant l’atterrissage sur la piste 31.

Éléments techniques et pédagogie

Le pilote de ligne de 30 ans, cumulant plus de 2 800 heures de vol, affirme vouloir partager une vision claire et rassurante du métier, en insistant sur le caractère rationnel et maîtrisé des procédures, comme pour la conduite d’un véhicule.

La sécurité des vols et les échanges avec les spectateurs

Mathieu Allouch, alias « Mathieu le steward », évoque le quotidien des hôtesses et stewards à ses plus de 235 000 abonnés, via des sketchs, des vidéos pédagogiques ou des escales internationales. Selon lui, les turbulences inquiètent beaucoup de voyageurs, mais elles ne présentent pas de danger pour l’avion ni pour les passagers, à condition que la ceinture soit bouclée.

Le trentenaire, ancien animateur radio et TV, précise recevoir des questions sur la sécurité des vols et rappelle que les turbulences restent surprenantes, mais qu’elles ne mettent pas l’appareil en danger lorsque les consignes de sécurité sont respectées.

Gestion de l’image et cadre professionnel

Les tournages ne se déroulent pas systématiquement à bord. Mathieu Allouch porte un costume de steward pour des contenus réalisés hors vol, afin de préserver l’anonymat et une certaine liberté vis-à-vis de son employeur, qui connaît l’existence des vidéos mais préfère garder le secret pour maintenir une certaine autonomie créative.

Pour Matpilote, l’impossibilité de révéler l’immatriculation de l’appareil et le souhait de ne pas dévoiler son vrai nom visent à dissocier l’image personnelle de celle de la compagnie et à préserver une part de liberté dans le partage du travail.

Les pratiques varient selon les compagnies: certaines interdisent les prises de vue en cabine, d’autres les autorisent sous conditions et après demande préalable, rappelle le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL).

Accords et cadre juridique pour les publications

Le SNPL se montre « très favorable » à ce que les pilotes expliquent leur métier, tout en jugeant préférable qu’ils tournent hors avions pour des raisons de sécurité — afin d’éviter les distractions au poste de pilotage et la divulgation d’informations sensibles.

Le Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC) rappelle que l’image à bord appartient en grande partie à l’employeur. En conséquence, filmer en uniforme pour une diffusion publique nécessite généralement l’accord de la compagnie, sous peine de sanctions disciplinaires — même si certaines entreprises peuvent tolérer des publications qui valorisent la profession. Air Caraïbes a par exemple diffusé une vidéo mettant en avant un salarié identifiable sur TikTok.

En pratique, certaines compagnies facilitent les contenus quand ils restent conformes à l’image de la marque, mais d’autres imposent des règles strictes. Le respect de l’accord de la compagnie demeure essentiel pour éviter des sanctions.