Contexte et dynamique du secteur
Intérêt des salons et dynamique des marchés
Si les superyachts restent associés à la quête de grandeur, le segment des petites unités est durement touché par l’inflation et par les droits de douane américains, tout en cherchant à se relancer.
Avant le grand rendez-vous de Fort Lauderdale, en Floride, à la fin octobre, le Cannes Yachting Festival a accueilli 56 000 visiteurs début septembre et le Monaco Yacht Show près de 30 000 fin septembre, témoignant d’un intérêt soutenu au-delà des seuls curieux.
Bilan global et contexte Frankfurt
À l’échelle mondiale, les ventes de bateaux sont en recul. En France, la Fédération des industries nautiques (FIN) enregistre une deuxième année consécutive de baisse sur la période septembre 2024-août 2025, avec -15% pour les bateaux neufs et -3% pour les bateaux d’occasion. La hausse des prix depuis 2019, alimentée par l’essor post-Covid et la hausse des coûts des matières premières, oscille entre 30% et 50% selon les sources.
La conjoncture est particulièrement éprouvante pour les petits modèles, qui se reportent en partie vers la location, selon Jean-Paul Chapeleau, président de la FIN. À l’inverse, les bateaux de plus de 9 mètres affichent une stabilité relative et le yachting de grande plaisance (>25 m) demeure très dynamique.
Superyachts : commandes et préférences
Dans le domaine des superyachts (>30 m), mis à l’honneur au Monaco Yacht Show avec 120 bateaux exposés pour une valeur combinée estimée à 4,4 milliards d’euros, le rapport annuel de Superyacht Times signale une baisse d’environ 10% des commandes sur les huit premiers mois de l’année.
Au-delà des critères d’extravagance, les préférences se portent sur des modèles toujours plus imposants : les unités de plus de 40 mètres représentent 37% des quelque 6000 superyachts en activité dans le monde et 61% des près de 600 actuellement en construction.
Réponses industrielles et innovations
Pour sortir de la spirale inflationniste, les constructeurs privilégient un repositionnement tarifaire: bascules vers des prix d’appel plus attractifs ou introduction de nouveaux bateaux plus performants au prix des anciens. Sylvie Ernoult, directrice du Cannes Yachting Festival, évoque des progrès en matière de développement et d’innovation: des bateaux plus accessibles, plus faciles à piloter, plus sûrs et plus confortables.
Sur le plan technologique, l’effort porte aussi sur la propulsion: émergence de bateaux électriques, d’hybrides et de modèles plus respectueux de l’environnement.
Cas Beneteau et perspectives du marché
Chez Beneteau, leader français du secteur, la stratégie privilégie une montée en gamme tout en renouvelant l’entrée de chaque gamme et en multipliant les nouveaux modèles. Le groupe indique viser une baisse de prix de 10 à 15% sur les modèles d’entrée de gamme pour soutenir l’accessibilité.
À Cannes, après un premier semestre 2025 encore morose avec un chiffre d’affaires en recul de 29%, Beneteau affirme avoir enregistré une « bonne dynamique des prises de commandes », ce qui pourrait favoriser une reprise au second semestre.
Répartition géographique et impact des droits de douane
Selon la FIN, les États‑Unis représentent environ 45% du marché mondial des ventes. L’augmentation des droits de douane américains ne devrait pas bouleverser les équilibres, les constructeurs américains dominent déjà le segment des petits bateaux à moteurs et les acteurs du haut de gamme restent majoritairement européens. Le risque de ralentissement existe toutefois, mais les conditions de concurrence semblent évoluer de manière relativement homogène entre les principaux acteurs.