Cisjordanie : une mère de 83 ans espère réunir ses fils après 34 ans d’incarcération dans le cadre d’un échange Israël-Hamas

Monde

Contexte et espoir familial

Halima Shamasneh, aujourd’hui âgée de 83 ans, exprime une joie immense au sujet d’une possible réunification familiale. Ses deux fils, Abdel Jawad et Mohammed Shamasneh, sont détenus par Israël depuis 34 ans. Selon ses propos, leurs noms figuraient sur une liste de détenus à libérer, publiée vendredi par Israël dans le cadre d’un échange prévu entre Palestiniens et otages israéliens et lié à l’accord entre Israël et le Hamas, entré en vigueur vendredi après plus de deux ans de guerre à Gaza.

La famille s’est réunie dans la maison familiale de Qatanna, village situé au nord de Jérusalem, près du mur séparant Israël de la Cisjordanie. Dans le salon, trois générations suivent les informations à la télévision. Halima Shamasneh porte pour l’occasion une robe palestinienne brodée à la main.

Des fils au passé inconnu et une histoire partagée

Les deux frères, Abdel Jawad et Mohammed, ont vu leur parcours interrompu dans les années 80. Abdel Jawad, aujourd’hui âgé de 62 ans, est décrit dans le dossier publié par Israël comme condamné à la perpétuité pour meurtre, tentative de meurtre et complot. Pour Mohammed, les détails disponibles à l’AFP n’ont pas été fournis.

Cette période est marquée en Égypte et dans les territoires par la Première Intifada, qui a débuté en 1987 et a été suivie par des années de violences et d’attentats sur le territoire israélien.

Des confidences familiales et le poids du temps

Ajwad Shamasneh, fils d’Abdel Jawad, se souvient avoir neuf ans lorsque son père a été emprisonné et affirme être aujourd’hui père de quatre enfants. «Vivre sans père est une tragédie», assure-t-il, ajoutant que serrer à nouveau son père après 34 années serait indescriptible.

À leurs côtés, le regard des autres membres de la famille témoigne d’une émotion contenue, mais palpable, face à la perspective d’un possible retour des frères à la maison.

Cadre politique et implications de l’accord

Les échanges prévus dans le cadre de l’accord entre Israël et le Hamas s’inscrivent dans le cadre d’un plan américain soutenu par le président Donald Trump, visant à mettre fin au conflit autour de Gaza. D’après les termes annoncés, le Hamas doit libérer d’ici lundi midi 47 otages restants à Gaza (vivants ou morts) et la dépouille d’un soldat tué lors d’un conflit en 2014. En échange, Israël doit libérer 250 détenus condamnés pour des raisons de sécurité et 1700 Palestiniens arrêtés à Gaza depuis octobre 2023.

Ces mécanismes de libération de prisonniers suscitent régulièrement des débats, notamment parmi les familles des victimes, qui les dénoncent devant des instances judiciaires. Vendredi, la Cour suprême israélienne a rejeté une requête évoquant ces questions, estimant que les affaires de guerre et de paix, ainsi que les accords gouvernementaux liés à un cessez-le-feu, ne relèvent pas du domaine judiciaire.

Incertitudes et perspectives d’avenir

Ajwad Shamasneh précise qu’il n’a pas pu voir son père depuis huit ans, indiquant que l’administration pénitentiaire israélienne aurait interdit les visites. Dans un contexte où la signed de l’accord prévoit une libération par étape, l’incertitude demeure, notamment sur la possibilité pour ces détenus de s’exiler si leur libération est confirmée. Un responsable gouvernemental a précisé que les détenus palestiniens ne seraient libérés qu’après la confirmation que tous les otages auront été rendus.

Face à ces perspectives, certains membres de la famille gardent l’espoir, tout en redoutant les éventuels déplacements à l’étranger des détenus libérés. La mère, elle, semble déjà préparer les retrouvailles et évoque, avec douceur, un plat traditionnel à partager, le mansaf, symbole d’un repas de fête pour célébrer un possible retour.