À Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, le maire a annoncé la reprogrammation du film Barbie, dont une projection avait été annulée début août après des tensions survenues sur place. Cette décision intervient à la suite d’un débat houleux autour du choix du film et des incidents signalés lors de la séance annulée.
Annulation initiale de la projection
Le 8 août, la projection en plein air du long-métrage de Greta Gerwig avait été stoppée par la mairie. Selon Olivier Sarrabeyrouse, maire de Noisy-le-Sec (Parti communiste), cette décision visait à protéger les agents municipaux, qui auraient été pris à partie verbalement par un groupe d’habitants. D’après lui, ces personnes auraient exprimé leur opposition au film en raison de son propos féministe, considéré par eux comme une mise en avant de l’homosexualité ou une atteinte à l’image de la femme.
Ouverture d’une enquête et dépôt de plainte
À la suite de ces événements, le maire a déposé plainte contre X. Le parquet a ouvert une enquête pour menace, intimidation ou violence envers un agent public. L’objectif est de déterminer précisément les circonstances de cet incident.
Arguments des opposants au film
Plusieurs jeunes hommes interrogés par l’AFP ont expliqué leur opposition en affirmant que Barbie n’était pas adapté aux enfants présents, qu’ils estimaient trop jeunes pour ce type de projection. Ils ont rejeté tout lien avec une motivation religieuse, mettant en avant un désaccord sur le choix du film, qualifié selon eux de trop vulgaire ou à caractère sexuel. Certains habitants, comme Yassine, 25 ans, ont également critiqué le processus de sélection du film, choisi via un vote en ligne auquel peu de participants avaient pris part.
D’autres, comme Sofiane, chauffeur de 25 ans, ont jugé le choix du film inapproprié dans un quartier où les projections en plein air sont visibles depuis les logements voisins. Ils ont estimé qu’un film familial tel que Shrek aurait été plus adapté au public présent.
Réactions contrastées dans le quartier
Dans le même secteur, une habitante âgée de 70 ans a défendu le film, estimant qu’il ne contenait pas de scènes choquantes, en dehors de personnages en maillot de bain. Elle a critiqué l’attitude de certains jeunes, qu’elle jugeait trop interventionnistes sur les choix culturels proposés dans sa ville.
Un débat relayé au niveau national
La controverse a dépassé le cadre local et a été reprise dans le débat politique national. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé ce qu’il considère comme la pression d’une minorité violente, parlant d’une volonté de « hallaliser » l’espace public. De son côté, le député RN Yoann Gillet a qualifié l’annulation de la projection de « grave erreur », l’assimilant à un recul face à des revendications communautaires.
Réponse du maire de Noisy-le-Sec
Face à cette vive polémique, Olivier Sarrabeyrouse a rappelé avoir lui-même parlé d’« obscurantisme » et de « fondamentalisme » pour décrire l’attitude des jeunes opposés au film. Cependant, il a insisté sur un autre point : sa dénonciation de ce qu’il appelle une récupération politique et une amplification médiatique qui, selon lui, ont alimenté des discours empreints de racisme et d’islamophobie sur les réseaux sociaux.
Reprogrammation du film annoncée
Pour marquer son refus de laisser certains habitants imposer leurs choix au détriment de l’intérêt général, le maire a confirmé jeudi que Barbie serait à nouveau projeté à Noisy-le-Sec. L’objectif affiché est de réaffirmer la liberté culturelle et de ne pas céder à des pressions locales.