Récit d’une restauration de la vision en Suisse
À Bâle, Tobias, un Bernois âgé de 70 ans, a retrouvé la vue grâce à une intervention rare consistant à remplacer la cornée par un implant issu de la racine d’une dent.
Âgé de 55 ans, il a subi un effet secondaire rare d’un médicament qui a entraîné une perte progressive de la vision. Il décrit une détérioration de sa peau et une vision qui s’assombrissait chaque jour. Après six mois d’hospitalisation, il était complètement aveugle et a dû apprendre le braille.
La situation a changé lorsque cette solution a été proposée: la cornée a été remplacée par un implant fabriqué à partir de la racine d’une dent canine. L’opération a été réalisée par le professeur David Goldblum, spécialiste en chirurgie oculaire à Bâle, en collaboration avec un chirurgien maxillo-facial.
La technique, développée initialement en 1963 par Benedetto Strampelli, est présentée comme une option lorsque la greffe de cornée traditionnelle ne peut pas être envisagée en raison de maladies ou de brûlures profondes de la cornée. Le médecin précise que le taux de réussite est supérieur à 85 % selon les premiers retours.
Deux interventions et une amélioration de la vision
Après deux interventions, Tobias a retrouvé la vue. Il se souvient du moment où il a vu son petit-fils de deux ans, une étape qui a renforcé son soulagement. Il a souhaité réunir les personnes qui l avaient soutenu durant sa cécité; retrouver ces visages a été bouleversant pour lui.
Situation rare en Suisse
Selon le Dr Matthieu Barrali, responsable de la policlinique et des urgences à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin de Lausanne, ces interventions restent ultrarares en Suisse. La réémergence de cette technique remonterait à une ou deux décennies et l’on compte environ une dizaine de patients dans le pays. Le médecin souligne qu’un seul chirurgien pourrait suffire à couvrir ce type d’intervention, même si elle concerne un petit nombre de patients.
Dans l’ensemble, la plupart des patients conservent une acuité visuelle stable pendant de nombreuses années. Environ 25 % des patients voient toutefois leur vision se dégrader avec le temps, en lien avec des complications potentielles. Pour Tobias, cependant, le récit se poursuit dans la lumière retrouvée.