Météorite martienne NWA 16788 : le Niger revendique la propriété après une vente record à New York

Monde

La météorite martienne NWA 16788, d’un poids avoisinant les 25 kg, est considérée comme le plus grand fragment de Mars jamais identifié sur Terre. Découverte en 2023 au Niger, elle fait aujourd’hui l’objet d’une vive controverse après sa mise en vente aux États-Unis.

Une vente aux enchères à plusieurs millions de dollars

Le 16 juillet, la maison de ventes Sotheby’s a cédé cette météorite à un acheteur privé resté anonyme, pour un montant supérieur à 5 millions de dollars. L’événement a suscité la réaction immédiate des autorités nigériennes, qui ont annoncé l’ouverture d’une enquête afin de clarifier les conditions de sortie du territoire de cette roche martienne exceptionnelle.

Le Niger conteste la légalité de l’exportation

Le gouvernement nigérien estime que cette transaction présente « vraisemblablement toutes les caractéristiques d’un trafic international illicite ». En conséquence, Niamey a décidé de suspendre temporairement les exportations de pierres précieuses et de météorites.

De son côté, Sotheby’s affirme que la pierre a été « exportée du Niger et transportée conformément à toutes les règles internationales ». Tout en défendant la régularité de la procédure, l’institution indique néanmoins qu’un réexamen du dossier a été engagé face aux contestations.

Un parcours hors du commun

D’après la description disponible dans son catalogue, la météorite NWA 16788 aurait été découverte le 16 novembre 2023 dans la région d’Agadez par un chasseur de météorites. Elle a ensuite été confiée à un marchand international, exposée brièvement en Italie, puis proposée aux enchères en Amérique du Nord.

Un débat scientifique et juridique

Le paléontologue américain Paul Sereno, qui collabore depuis longtemps avec le Niger, estime probable que le fragment ait quitté le pays sans respecter le cadre légal national. Il rappelle que, selon le droit international, la propriété d’une météorite est généralement rattachée au lieu où elle est retrouvée, et non à son origine extraterrestre.

Cette situation illustre l’absence d’un consensus mondial concernant le statut juridique des météorites. Alors qu’aux États-Unis elles appartiennent en principe au propriétaire du terrain privé où elles sont tombées, le Niger dispose, lui, d’une législation incluant les « spécimens rares » de minéralogie dans les biens culturels protégés.

Des enjeux éthiques et scientifiques majeurs

Au-delà des aspects légaux, la mise aux enchères de cette météorite suscite des interrogations sur son avenir scientifique et patrimonial. Sa taille hors norme en fait un objet d’étude exceptionnel pour mieux comprendre l’histoire géologique de Mars. Plusieurs experts insistent sur la nécessité de préserver ce spécimen dans un cadre public, afin de le rendre accessible à la recherche et à la population.

D’après le professeur Sereno, une pierre d’une telle importance ne devrait pas être dispersée dans une collection privée. Selon lui, une restitution au Niger favoriserait à la fois la recherche scientifique et la valorisation culturelle de ce patrimoine naturel unique.