La Cour des comptes critique le Louvre pour avoir privilégié l’attractivité au détriment de la sécurité

Monde

Contexte et constats de la Cour des comptes

Le vol des joyaux de la Couronne, survenu le 19 octobre, est décrit comme un signal d’alarme majeur par le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. L’incident a permis le dérochage en quelques minutes d’objets estimés à 88 millions d’euros.

Dans son rapport relatif à la gestion du musée sur la période 2018-2024, la Cour affirme que la direction du Louvre a privilégié les opérations visibles et attractives au détriment de l’entretien et de la rénovation des bâtiments et des installations techniques, notamment en matière de sûreté et de sécurité.

Elle souligne un retard important dans le rythme des investissements et décrit une dégradation accélérée du musée, qui a accueilli près de neuf millions de visiteurs en 2024. Le document alerte également sur le retard persistant dans le déploiement des dispositifs de sûreté destinés à protéger les œuvres.

Rénovation et modernisation: une priorité à mettre en œuvre

Selon la Cour, la priorité des priorités est désormais la rénovation du musée et la modernisation de ses infrastructures, en matière d’incendie, de sécurité et de sûreté. Pierre Moscovici rappelle qu’un audit de sécurité réalisé entre 2015 et 2017 avait révélé des failles qui n’ont pas été suivies d’effets.

La Cour relève par ailleurs qu’une enquête administrative déclenchée après le cambriolage a mis en évidence une sous-estimation chronique du risque d’intrusion.

Selon le rapport, le musée fait face à un « mur d’investissements » qu’il n’est pas en mesure de financer, malgré des ressources abondantes. Entre 2018 et 2024, 26,7 millions d’euros ont été consacrés à l’entretien et à la mise aux normes, contre 105,4 millions d’euros pour l’acquisition d’œuvres.

Réactions et cadre financier

La ministre de la Culture, Rachida Dati, affirme partager le constat sur l’urgence des travaux techniques, tout en ne partageant pas entièrement l’avis sur la politique d’acquisitions, défendant leur rôle dans l’enrichissement des collections nationales.

La direction du Louvre accepte la plupart des recommandations, mais estime que le rapport ne reflète pas certains efforts, notamment en matière de sécurité. Elle reproche aussi à la Cour d’avoir inclus dans son analyse un vaste programme de rénovation annoncé par le président de la République en janvier, qui ne correspond pas à la période examinée. La Cour évalue ce programme à 1,15 milliard d’euros, contre 700 à 800 millions annoncés par l’Élysée.