À Echallens, le comité « Non à l’initiative extrême sur le Mormont – Oui à l’économie circulaire » a présenté ses arguments lors d’une conférence de presse. Soutenu par la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE), ce comité réunit notamment Pascal Broulis (conseiller aux États, PLR/VD), Yvan Pahud (conseiller national, UDC/VD), Céline Weber (conseillère nationale, Vert’lib/VD) ainsi que Nicolas Suter (député et chef de groupe PLR). Ensemble, ils ont officiellement lancé leur campagne contre l’initiative.
Une initiative visant à inscrire la protection du Mormont dans la Constitution vaudoise
Déposée en 2022 à la suite des mobilisations menées sur le site, l’initiative « Sauvons le Mormont » souhaite garantir une protection constitutionnelle pour la colline et y interdire toute exploitation future. Cette question sera soumise au vote populaire dans le canton de Vaud en mars 2025.
Les préoccupations économiques mises en avant par les opposants
Pour Pascal Broulis, l’économie aurait aujourd’hui « besoin de prévisibilité », et le texte en votation introduirait au contraire des incertitudes pouvant impacter l’emploi. Selon le comité opposé, ce projet pourrait mettre en danger environ 10’000 emplois liés au secteur, ainsi que plus de 30’000 postes dans la construction cantonale.
Le rôle stratégique du ciment
La Suisse consommerait près de cinq millions de tonnes de ciment par an, dont la grande majorité (86 %) est produite localement. Les cimenteries alimentent notamment la construction d’infrastructures de transport, scolaires et hospitalières. Le Tribunal fédéral a d’ailleurs reconnu l’importance nationale de la carrière du Mormont pour l’approvisionnement de la Suisse romande.
Selon les calculs des opposants, une interdiction d’exploitation entraînerait l’importation d’environ 40 % des besoins vaudois en matériaux, ce qui correspondrait à près de 60’000 trajets supplémentaires de camions sur les routes transfrontalières.
Valorisation des déchets et énergie locale en jeu
Chaque année, environ 200’000 tonnes de déchets tels que boues, pneus usagés, huiles ou solvants sont réutilisées pour la production de ciment. Le comité relève que l’abandon de cette filière ferait peser des incertitudes sur le traitement de ces matières. En parallèle, la chaleur générée par les fours de la cimenterie permet actuellement de chauffer environ 2000 foyers voisins. Selon les opposants, cette forme d’énergie locale et renouvelable disparaîtrait également si l’initiative devait être acceptée.
Un soutien affirmé au contre-projet du Conseil d’État
Plutôt que l’interdiction proposée par l’initiative, les acteurs réunis défendent le contre-projet direct élaboré par le gouvernement vaudois. Pour Céline Weber, celui-ci permet de « combiner économie et écologie » et d’envoyer un signal positif aux entreprises et à la recherche en faveur de pratiques plus durables.
Le peuple vaudois sera donc amené à trancher entre l’initiative « Sauvons le Mormont » et le contre-projet gouvernemental, deux visions distinctes sur l’avenir de la colline et sur la place de l’industrie dans la transition écologique.