Suisse: le Conseil fédéral propose 50 millions de francs supplémentaires pour l’aide au Soudan

Monde

Contexte et demande d’aide

Face à une situation humanitaire critique, le gouvernement suisse sollicite une dotation additionnelle de 50 millions de francs destinée à l’aide au Soudan, auprès de la Délégation des finances du Parlement. Depuis le début du conflit, la Suisse a versé au total près de 140 millions de francs en faveur de l’aide humanitaire dans ce pays.

Conflit et acteurs

Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre civile d’une brutalité sans précédent, opposant l’armée régulière, les Forces armées soudanaises (FAS), au groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR). L’ONU décrit ce conflit comme la « pire crise humanitaire et de déplacement au monde ».

Qui s’affronte?

Le conflit oppose le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des FAS et président de facto, et le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti, à la tête des FSR. Les FAS représentent l’armée régulière et seraient associées à l’islam politique, héritage du régime d’Omar el-Béchir. Les FSR tirent leurs origines des milices Janjaweed et se présentent comme luttant contre l’extrémisme religieux et l’islam politique des FAS.

Les deux camps sont accusés de crimes de guerre, de tortures et d’exactions, avec des violences sexuelles rapportées dans le cadre du conflit.

Du Darfour au Kordofan

Le front s’est intensifié avec la chute d’El-Fasher (Darfour-Nord), fin octobre 2025, laissant les paramilitaires contrôler près d’un tiers du pays dans l’ouest. L’épicentre des combats se déplace désormais vers le Kordofan, région stratégique en raison de ses ressources.

Ressources et financement du conflit

La dynamique économique du conflit est marquée par l’or, devenu une ressource centrale après la perte d’une grande partie des réserves pétrolières lors de la scission avec le Soudan du Sud. Les FSR ont développé des intérêts économiques autour des zones aurifères, notamment dans le Darfour et le Sud‑Kordofan, et l’or est souvent exporté via des réseaux parallèles vers Dubaï, garantissant un financement autonome.

Acteurs et soutiens étrangers

Des accusations ciblent les Émirats arabes unis pour leur rôle dans le soutien matériel et mercenaire aux FSR, tandis que la milice russe Africa Corps (ex‑Wagner) apporterait également un appui. L’armée régulière bénéficie d’un soutien supposé de l’Égypte, de l’Iran et de la Turquie. Malgré les efforts du groupe Quad (États‑Unis, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis et Égypte) pour une médiation, les pourparlers en vue d’une trêve humanitaire restent bloqués.

Violences, déplacements et crise humanitaire

Le conflit a déplacé près de 13 millions de personnes, dont environ 8,6 millions à l’intérieur du pays, faisant du Soudan le pays comptant le plus grand nombre de déplacés au monde. Des massacres et des exécutions sont rapportés, avec des violences sexuelles largement documentées et utilisées comme arme de guerre. Des cas évoqués concernent des agressions visant des nourrissons et des femmes non arabes.

La violence sexuelle est largement documentée et dénoncée par diverses organisations, et des témoignages décrivent des actes atroces dans différents contextes du conflit.

Crise sanitaire et humanitaire

Plus de 25 millions de Soudanais nécessitent une aide urgente. La famine est constatée dans des villes clés comme El-Fasher et Kadugli, et d’autres zones du Darfour et du Kordofan restent menacées. Le système de santé est défaillant: plus de 70 % des établissements de santé des zones de conflit sont hors service ou ont été attaqués. Le choléra a été signalé avec plus de 28 000 cas, et l’Organisation mondiale de la Santé a évoqué un risque biologique élevé après la saisie du laboratoire public national et des échantillons de maladies.

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