Contexte et engagement de la Suisse au Niger
Claudio Tognola se rappelle ses années d’étudiant en géographie à l’Université de Lausanne, lorsqu’il effectua un stage sur le terrain au Niger, pays enclavé, ce qui lui inspira un lien durable avec ce pays.
Plus de trente ans plus tard, il œuvre pour la Direction du développement et de la coopération (DDC) au Niger et constate une évolution marquée par des routes migratoires vers l’Europe, des rivalités entre grandes puissances et des violences djihadistes. Le niveau de sécurité a considérablement évolué.
À l’époque, les déplacements se faisaient sans précautions de sécurité; aujourd’hui, la situation a radicalement changé, selon lui.
Crises croisées au Sahel et rôle du Niger sur les routes migratoires
La région sahélienne, longue d’environ 5400 kilomètres, est traversée par des enjeux qui se chevauchent et qui pèsent sur la sécurité et la stabilité. Le Niger se situe sur l’une des principales routes migratoires nord vers l’Europe, passant par l’Algérie et la Libye avant de rejoindre la Méditerranée.
En avril 2025, un projet d’approvisionnement en eau potable dans la région de Maradi a été financé par la DDC.
Évolutions sécuritaires et contexte international
Selon des chiffres relayés par Swissinfo et issus d’un rapport interne de l’Union européenne, plus de 90 attaques violentes ont été enregistrées au Niger entre juin et août. La France et les États-Unis, historiquement présents, se sont retirés; la Russie a pris une place plus active. La Suisse a choisi de rester sur le terrain et de financer des projets de développement.
Ruptures avec l’ancienne coopération et repositionnement géopolitique
Le coup d’État militaire de 2023 a renversé le président élu Mohamed Bazoum, fragilisé par l’alignement avec des partenaires occidentaux. Les relations se sont détériorées et les armées occidentales se sont retirées, remplacées par des soutiens russes. Les dirigeants nigériens ont aussi pris le contrôle des activités minières, notamment de l’uranium, et le secteur de l’or a attiré l’attention internationale.
Des propos relayés par la presse évoquaient des accusations envers la France; Paris a démenti. Des intérêts russes pour l’exploitation de ressources ont aussi été évoqués dans ce contexte.
Positionnement et résultats de la Suisse
Depuis le coup d’État, la Suisse adapte ses programmes afin d’éviter tout soutien direct au gouvernement, tout en maintenant un investissement annuel autour de 22 à 23 millions de francs suisses, soit environ 15 % des fonds totaux. Selon Claudio Tognola, la Suisse privilégie la reconnaissance des États et non des gouvernements, ce qui permet de maintenir le dialogue tout en poursuivant l’aide humanitaire.
Les projets visent à lutter contre les causes profondes de l’insécurité, notamment la pauvreté et le manque d’emploi, afin d’empêcher le recrutement par des groupes violents. Des initiatives en éducation et en insertion professionnelle pour les jeunes illustrent cet engagement, comme un programme d’éducation alternative mené par la Suisse à Malgorou en mars 2025.
La saison des pluies a été marquée par des pertes humaines et des déplacements importants, avec 47 morts et 50 000 personnes ayant perdu leur domicile.