Conflit commercial entre la Suisse et les États‑Unis
Le 1er août, les États‑Unis ont imposé à la Suisse un tarif douanier de 39%, un niveau qui se situe au sommet des pays industrialisés de l’OCDE et qui frappe principalement les PME exportatrices et les secteurs dépendants du commerce extérieur, comme les machines-outils.
Selon Julien Bianchi, dirigeant de Polytype, ces droits ne sont pas tenables pour son entreprise et pour l’écosystème industriel suisse.
La souveraineté mise à l’épreuve
Face à cette décision, la Suisse se sent démunie et s’interroge sur sa capacité à décider pour elle‑même, compte tenu de son attachement à la démocratie directe et à la souveraineté. Des inquiétudes sont exprimées quant à l’éventuelle perte d’ascendant face à une puissance étrangère.
La conseillère nationale vaudoise Jacqueline de Quattro déclare que ces méthodes sont insupportables lorsqu’elles émanent d’un État de droit envers un autre État de droit.
Pour l’ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, il s’agit d’un cas inédit où les États‑Unis conditionnent leur protection militaire à des accords commerciaux, une approche qu’il qualifie de quasi mafieuse.
Intervention du secteur privé et trajectoires négociées
Depuis plus de six mois, les négociateurs suisses, habitués à la diplomatie traditionnelle, font face à un dirigeant qui semble ignorer les règles commerciales. Lors d’un appel téléphonique le 31 juillet avec Karin Keller‑Sutter, Donald Trump a demandé brutalement ce que l’Union européenne lui paierait, évoquant 600 milliards, et la présidente suisse, visiblement estomaquée, n’a pas réussi à proposer une offre qui fasse changer d’avis le président américain.
Simon Evenett, professeur à l’IMD, estime que la Suisse ne dispose pas des leviers nécessaires pour obtenir ce qu’elle souhaite dans ces négociations.
Des mois de tractations sont à prévoir, avec l’éventuelle participation de six chefs d’entreprises invités à la Maison Blanche pour faire baisser les droits à 15%. Le coût du compromis serait élevé, avec environ 200 milliards de francs de promesses d’investissements privés vers les États‑Unis dans les trois prochaines années, en contrepartie de concessions commerciales.
Dans ce monde en mutation, marqué par l’incertitude et une certaine défiance, l’expert Evenett compare la scène à un ring et rappelle que la Suisse devra se préparer à d’autres pressions à l’avenir.
Le dirigeant de Swatch Nick Hayek affirme que la Suisse semble avoir capitulé devant les États‑Unis, selon des extraits diffusés à la télévision.
Rédaction : Françoise Weilhammer et Philippe Mach.